Transitions et collaboration: et si on changeait de lunettes ?
May 07, 2025Bonjour, chers parents,
Ici Véronique, psychologue et fondatrice de S’élever en famille! 👋
Aujourd’hui, on s’attaque à un des terrains les plus challengeants du quotidien familial : les transitions. Vous savez, ces petits moments de bascule entre deux activités — partir le matin, arrêter les écrans, venir souper, aller au lit — qui déclenchent (trop) souvent des soupirs, des larmes ou des conflits.
🚪 Une transition, c’est quoi exactement ?
C’est le passage d’un contexte à un autre. Et nos enfants, dans leur rythme à eux (clairement plus lent que le nôtre), les vivent... à leur façon. Quand c’est spontané (finir un jeu, aller chercher une collation), tout se passe bien. Mais quand l’agenda du parent entre en collision avec celui de l’enfant… ouf 😮💨
🤯 Une mise en situation pour changer de perspective
Imaginez : vous êtes en télétravail, concentré·e sur un courriel important. Votre partenaire entre : « Le souper est prêt ! » Vous répondez : « J’arrive. » Cinq minutes plus tard, on revient, on ferme votre ordi sans prévenir : « Allez, c’est maintenant. »
Comment vous vous sentez ? Frustré·e ? Envahi·e ? En colère ? Bienvenue dans la tête de votre enfant au moment de quitter son jeu libre pour se rendre à table. 😝
🤝 Obéissance ou collaboration?
Quand on parle de coopération, on doit se poser cette grande question : est-ce que je cherche l’obéissance (faire exécuter une consigne) ou la collaboration (répondre à une consigne dans un esprit de respect mutuel)?
L’obéissance, c'est exiger un comportement de l'enfant, peu importe qu'il-elle-iel le fasse par peur, par bonne volonté ou sous la menace. Ça peut donner un comportement "efficace" sur le coup... mais au prix de la relation (et... zéro apprentissage durable ici, c'est strictement extrinsèque comme motivation).
La collaboration prend plus de temps au départ, mais nourrit la connexion et la réciprocité. Et comme votre enfant est dans une disposition plus calme et non pas de stress, il-elle-iel est disponible pour faire des apprentissages plus durables. 🌱
🧠 Les enfants vivent dans le présent. Et nous ?
Hum hum... Nous, les parents, sommes souvent dans le futur (le souper de ce soir, les sandales à acheter avant l'été, les lunchs, les rendez-vous chez le pédiatre à booker... je sais que vous savez de quoi je parle!).
Les enfants, ils sont dans le moment présent, à fond dans leur construction de blocs ou leur épisode de ces fameux petits chiens qui sauvent le monde une poule à la fois. Des vrais maitres zen qui maitrisent la pleine conscience (oubliez ça la retraite de pleine conscience! Faites juste observer vos enfants en jeu au parc et prenez des notes... y'a de quoi apprendre beaucoup sur le mindfulness 😝)
La transition, pour les enfants, c’est... brutal.
Doublement brutal si votre enfants vit avec des rigidités liées à son anxiété, son tempérament, son hyperfocus et/ou son neurotype...
On peut les aider à faire ce saut… mais pas en criant de la cuisine : « Mets tes souliers ! On part ! » 😉
🔑 3 clés pour mieux vivre les transitions
1. Entrer dans le monde de votre enfant AVANT de l’inviter dans le nôtre
Ça veut dire quoi, entrer dans son monde?! Prenez 30 secondes pour observer, commenter, poser une question sur ce qu’il fait. Juste ça, ça change tout.
« Oh wow, ton château a l’air solide ! Tu arrives à finir cette tour avant qu’on parte ? »
2. Valider ses émotions plutôt que les minimiser
Votre enfant est fâché de devoir quitter son jeu ? C’est ok, il-elle-iel a le droit! Validez.
Point bonus si vous "portez" un peu son émotion et êtes un peu déçu.e, triste ou frustré.e avec lui-elle-iel!
« Oh zut, c'est fini... C’est vrai que c’est plate de s’arrêter quand c’est le fun. »
3. Créer un pont de séparation
Mon outil préféré... Ça fait tellement une grosse différence! Faire un pont de séparation, c'est nommer le moment où il-elle-iel pourra revenir à ce qu’il aime, ou encore semer la curiosité pour ce qui s’en vient.
« Oui ce soir, tu pourras continuer ta cabane. Tu veux qu’on laisse tes coussins déjà prêts ? »
« Je me demande ce que Georges va te raconter à la garderie tantôt… Tu crois qu'il amènera son camion jaune aujourd'hui aussi? »
🛠️ Et les écrans, là-dedans ?
Les écrans... Ouf. Parlons-en. Le némésis des transitions... 🤯
On va se le dire, cesser un temps d'écran est une transition plus corsée encore : les écrans sont hyperstimulants (oui oui, au plan sensoriel toutes ces couleurs vives et les changements de scène rapides, ça draine un cerveau même si on se "détent"). Les enfants peuvent facilement être happés par cet univers (il y a des bénéfices aussi des écrans, mais ça mérite une série de billets en soi... on y reviendra). Pour les quitter, c’est essentiel de revenir dans le lien AVANT de couper la télé ou l'ordi.
Prenez une minute pour vous asseoir à côté de votre enfant, commenter l’émission ou son jeu vidéo, poser une question. Puis, doucement, nommez la fin et... proposez la suite (jeu, routine, départ, etc.).
💬 À retenir
Comprenez-moi bien: favoriser la collaboration, ce n’est pas tout laisser passer. C’est offrir un cadre ferme, MAIS avec chaleur et considération. C’est huiler les engrenages pour que la vie de famille roule avec un peu plus de douceur ⚙️❤️
Et vous, quelles sont les transitions les plus corsées chez vous ? Que pourriez-vous essayer dès aujourd’hui pour semer un peu de jeu, de lien ou créer pont dans ce passage-là ?
On s’en reparle dans les commentaires 💬
À bientôt,
Véronique